Biographie

Prix du Ministère de la Culture et de la Communication, Prix Kodak.

 

Sans embûche aux images présentées, Fanny GOIFFON déplace son propre corps dans les métros des quatre coins du monde pour en capter les aspects sensoriels. Des années plus tard, comme pour fermer une boucle et revenir à son propre point de gravité, elle réunit les pôles à son expérience au corps, au corps féminin. Bien entendu, cette représentation que l’histoire de l’art s’est empressée, acharnée a représenter, s’est toujours induite par les mains des artistes virtuoses, indissociablement masculins, tendant à un idéal appartenant à leur unique prisme, leur unique projection de ce que doit être cette nature, la féminité. Fanny impose cette légitimité d’être une artiste femme. De prendre le contrôle de ce qui lui appartient. De la réalité de cette enveloppe qui s’ouvre aux mouvements, à la douceur, au souvenir et à l’enfermement.

L’artiste assume un anti-canon par le médium recyclé comme le carton, empreint d’une surface qu’elle libère de son conditionnement, de sa consommation, si ce n’est, de la société. Sur celui-ci, elle opère la peinture qui tend à se libérer de cette contrainte consommable. Elle remet en question le cadre quand la figure vient s’en extraire pour apparaître en buste, non pas d’un buste sculptural en marbre démunit d’esprit et de déplacement, mais une identité qui force belle et bien le cadre des dictats pour s’opposer aux contraintes.

Pouvons-nous parler L’enfermement ? de cage ? D’une cellule que les traumatismes construisent violemment autour de la femme, sans qu’elle en ait le droit d’en exprimer la gravité ?

Louise BOURGEOIS, a pu exprimer elle aussi, son enfermement. Souvenons-nous de cette série de « cellules », des maisons cages ou la femme cherche exile, que les murs solides d’une maison dominée par le père ne lui proposent cette libération qu’à l’intérieur d’elle-même. L’œuvre de Fanny parcours ce chemin intérieur, proposant la métaphysique de ces sensations. Alors, le geste en peinture se doit, comme une évidence, de s’encrer à cette réalité dévoilée par une touche picturale rapide, furtive parfois, que son geste sur la surface prononce une fulgurance d’énergie, capable de traverser tout un corps à la simple pensée d’un souvenir.

L’objet de son œuvre cherche simplement une matérialité vivante.

Alors, trouvons-nous par ici une projection psychanalytique ? Une définition d’un parcours féminin qui s’entremêle avec les corps de ses multiples époques ? Où trouvons-nous la figure de nos racines Judéo-Chrétienne qu’est Ève, devenue un esprit qui s’exprime enfin ? Laissons-nous le doute à ceci, pour ne pas enfermer notre invitation, notre identification à l’œuvre de Fanny.

 

 

GARCIA Joachim