Article/ Critique de Exposition de Fanny Goiffon

par son curateur Joachim Garcia

du 26 Oct 2023 au 16 février 2024 à la Maison de la Quintini

Article paru dans le Mag Noisy le Roi n=105 sept à nov 2023

 

 La représentation du corps féminin que l’histoire de l’art s’est empressée, acharnée a représenter, s’est toujours induite par les mains des artistes virtuoses, indissociablement masculins, tendant à un idéal appartenant à leur unique prisme, leur unique projection de ce que doit être cette nature, la féminité. Fanny impose cette légitimité d’être une artiste femme. De prendre le contrôle de ce qui lui appartient. De la réalité de cette enveloppe qui s’ouvre aux mouvements, à la douceur, au souvenir et à l’enfermement.

L’artiste assume un anti-canon par le médium recyclé comme le carton, empreint d’une surface qu’elle libère de son conditionnement, de sa consommation, si ce n’est, de la société. Sur celui-ci, elle opère la peinture qui tend à se libérer de cette contrainte consommable. Elle remet en question le cadre quand la figure vient s’en extraire pour apparaître en buste, non pas d’un buste sculptural en marbre démunit d’esprit et de déplacement, mais une identité qui force belle et bien le cadre des dictats pour s’opposer aux contraintes.

L’œuvre de Fanny parcours ce chemin intérieur, proposant la métaphysique de ces sensations. Alors, le geste en peinture se doit, comme une évidence, de s’encrer à cette réalité dévoilée par une touche picturale rapide, furtive parfois, que son geste sur la surface prononce une fulgurance d’énergie, capable de traverser tout un corps à la simple pensée d’un souvenir.


GARCIA Joachim